Ce sens persiste encore aujourdâhui : lâessence de la philosophie, câest la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elleâmême, comme il arrive souvent, jusquâà dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par lâenseignement. Mais l’interprétation chrétienne de l’histoire en cours ne consiste pas à sélectionner des séquences temporelles privilégiées, qui seraient particulièrement proportionnées au Royaume, mais à exercer plutôt une vigilance évangélique permanente, sans céder aux raccourcis de l’enthousiasme ou de la déception politiques. Une Åuvre philosophique se compose essentiellement dâéclaircissements. Elle examine ensuite les tâches potentielles d’une théologie de l’histoire. Ce dérèglement profond du rapport des humains au temps se répercute sur la grande histoire et sur nos histoires singulières, exposées au risque du non-sens et de la vanité, comme l’exprimait l’un des Sages de la Bible : « [Dieu] a mis dans leur cœur l’ensemble du temps, mais sans que l’homme puisse saisir ce que Dieu fait, du commencement à la fin » [42]. Nous pouvons appeler C’est d’abord par l’opération de sa libre réception humaine que le salut devient historique. Ou plus exactement philosophie de lâhistoire, réflexion sur le devenir des peuple, sur son sens, sur sa finalité. Lhistoire , dit-on , est la connaissance du passé humain ... (Hl Marrou.). Perspectives sur l’histoire humaine dans sa potentialité d’histoire sauvée, 1. La philosophie, discipline du sens, peut fournir l'occasion de développer une réflexion sur le sens des études. En ce cas, de façon indirecte, la révélation enseigne du moins à ne pas faire des raccourcis indus et à ne pas sacraliser les interférences momentanément salutaires. raison. Sédécias se trouve alors installé comme roi de Juda par Nabuchodonosor. Collection: Débats philosophiques. 35 Pour autant, une telle identification n’implique aucunement d’ôter sa capacité de connaissance au savoir historique produit sous les contraintes de ces déterminations. La foi chrétienne ne réduit pas l’ambiguïté de l’histoire, b. Cela suppose la réalisation, à travers des étapes, une progression et des détours, de quelque chose de significatif pour l’humanité [24]. D�un c�t� les passions suivent leur logique �gocentrique individuelle, mais en m�me temps, elles �difient aussi la L'histoire â Révisions Bac Philosophie. Un des cas parmi les plus connus est la vision hégellienne marxiste. Grâce à un modèle finaliste, mécaniste ou vitaliste ? Trouvé à l'intérieur – Page 116Études l'histoire de la philosophie autour de Jean-François Marquet et Jean-Luc Marion Patrick Cerutti. La science de l'histoire considère ce qui a été et s'efforce d'en dire la signification : ce sont des actions, des événements et des ... Elles dévoilent, de façon partielle et complexe, quelques facettes du regard divin posé sur Israël, les Nations et l’Église. Enfin, en regard de l’histoire du salut, l’histoire du monde apparaît dans son orientation profonde pour ce qu’elle est : une histoire existentiellement « dépotentialisée », en attente d’un salut qui lui confère un accomplissement dont elle ne possède ni le profil ni les moyens. De fait, ce recentrement de l’épistémologie sur les conditions de production du savoir n’est pas propre à la discipline historique ; il est aussi relevé comme une caractéristique contemporaine dans l’épistémologie des sciences mathématisées. Or la distorsion du créé ne s’inscrit pas seulement dans les créatures considérées une à une, ni dans l’extension complète du cosmos, mais aussi dans la réalité plus fluide du temps historique. Hegel présente sa propre vision de l'histoire et de son sens dans Leçons sur la philosophie de l'histoire en 1822. Certes, le second avènement du Christ doit avoir en priorité la forme d’une venue extrinsèque à la simple logique de l’histoire. 51. En tout temps et en tout lieu, l’existence humaine peut entrer dans le salut par un acte de liberté. Nous retrouvons ici l’exemplarité évoquée plus haut à titre d’hypothèse trop ambitieuse, mais de façon mieux circonscrite. 70 En quoi la philosophie de Hegel a-t-elle influencé notre réflexion sur le monde contemporain ? Comment comprendre l'assimilation entre raison, esprit d'un Comme le disait lucidement Hannah Arendt, la plupart des actions humaines ne peuvent être reprises et elles ont des conséquences incontrôlables, à l’infini [39]. Il reconnaîtra non seulement ce qu’il fut mais aussi ce qu’il était appelé à devenir. L’histoire réelle, c’est-à-dire le maillage spatio-temporel infini des circonstances, des conditions, des modes, des mentalités, des croyances, des contingences et des actions, est irréductible à des enchaînements abstraits de simple conséquence. Trouvé à l'intérieur – Page 264Historiosophie ou science de l'histoire Józef Maria Hoene-Wroński. parfaitement identique avec celui de problème religieux ; et moi - même , après avoir ainsi fixé le sens philosophique du mot dogme , je m'en servirai dorénavant ... C’est pourquoi cette histoire-là, sortie de l’ambiguïté (toujours selon Rahner), avec ses dimensions verbales, sociales et sacramentelles, est vraiment destinée à tous les humains de tous les âges futurs. 11 En Jésus-Christ, l’histoire du salut devient enfin une manifestation salvifique sans équivoque au sein de l’histoire du monde. La première école de pensée affirme de l'histoire ce que Macbeth disait de Se joue dans le temps de l’histoire, non seulement le développement de l’amour de soi au mépris de Dieu, mais aussi la croissance de l’amour de Dieu et d’autrui au-delà de soi. Primo, l’histoire du salut advient dans l’histoire du monde (Heilsgeschichte ereignet sich in Weltgeschichte). Il ne manque plus qu�une �tincelle pour que le feu d�une r�volution se propage. Philosophie. Certes, Maritain soutient qu’une « philosophie chrétienne » est légitimement aiguillonnée, à son propre niveau d’intelligibilité, par la lumière supérieure de la révélation, mais cela laisse dubitatif quant à la possibilité d’une philosophie de l’histoire qui se développerait de façon autonome sans tomber au final dans l’aporie pure, comme y furent conduits, à terme, K. Löwith ou J. Pato?ka. 49. Suivant le sens du mot « histoire », il y a donc deux grandes problématiques : 1) L'histoire a-t-elle un sens ? De la sorte, l’histoire du monde contient des signes et une révélation permettant d’y discerner le salut en train d’advenir. Aussi, le conflit et l’ambiguïté internes à l’histoire ne sont-elles pas seulement le signe du péché, mais aussi le signe de la grâce. quel en est linteret ? Yvon Belaval. Manifestement, une telle philosophie de l’histoire présuppose une théologie et s’achève en théologie. Le dévoilement du péché, ligué autour du Juste et projeté sur le corps du Crucifié, coïncide avec l’épuisement de sa puissance et de sa logique. Il n'est pas seulement créateur du monde, mais en est l'acteur principal. Cette direction, nous pouvons la rattacher à un concept porteur tel que celui de progrès ou celui dâévolution. Par référence à la Croix de Jésus comme jugement du péché. Présentation. Bref, la part d’échec et d’obscurité de l’histoire humaine paraît incommensurable et indépassable. Un tel acte est rendu possible par l’universalité de la volonté salvifique de Dieu et il est toujours rattaché au salut historique par excellence, dénué de toute ambiguïté, accompli en Jésus-Christ. raison. La philosophie de l'histoire, au sens nouveau de l'expression, diffère donc d'une double façon de la science de ce nom au sens ancien: par le but et par l'objet. Le sens de l�Histoire correspondrait alors � une fl�che qui suit une direction. Condorcet et Kant ont par exemple tenté de le faire à propos de la Révolution française. 66 Il n’est pas simplement un futur encore à venir. Dès lors, il paraît difficile, sinon impossible, de recueillir un sens progressif de l’histoire, du moins de l’intérieur de celle-ci. Trouvé à l'intérieur – Page 10Appliquez ceci à ce qu'on a appelé la philosophie antédiluvienne .. § 16 . On n'a donné aucune raison suffisante pour admettre un peuple philosophique primitif , en ce sens que non - seulement la philosophie aurait commencé avec lui ... Notre existence a-t-elle un sens si l'histoire n'en a pas ? L’identification de ces contraintes collectivement incorporées [« les lois du milieu »] (et toujours occultées dans les discours historiques qui effacent les conditions de leur fabrication) doit être substituée aux raisons alléguées, de Raymond Aron à Paul Veyne, pour montrer, louer ou dénoncer le caractère subjectif de l’histoire, à savoir les préjugés ou les curiosités de l’historien. L'année 2006 coïncide avec le sixième centenaire de la mort d'Ibn Khaldûn. Le h�ros de l�histoire croit dominer le Temps. Comment, enfin, classer les vivants alors que, selon l’évolutionnisme, les espèces sont en mutation ? La philosophie de l'histoire est un poison qu'il importerait, d'urgence, d'épargner au monde. Y a-t-il une direction, une logique dans la manière dont les faits, les événements se succèdent dans le temps ? Il est et sera plutôt l’accomplissement et la cessation de l’histoire tout entière. Marx et le sens de lâhistoire : Marx surajoute à cette analyse économique toute une vision de lâévolution historique. Expliquer le vivant est l’objet de la biologie, science née tardivement (au XIXe siècle) en raison du caractère sacré, donc intouchable, accordé à la vie par le pouvoir religieux. Sans céder à un pessimisme trop humain, l’Évangile n’est pas en reste au sujet de l’ambivalence indépassable des entreprises humaines en regard du Royaume. de Rémi Brague. Suivant le dessein de Dieu, indépendamment de la chute, l’homme et la femme sont appelés à engendrer des enfants pour qu’ils déploient leur singularité jusque dans l’assemblée des saints. Voyons comment qualifier la fonction illuminative ou prophétique de l’histoire du salut dans son rapport complexe à l’histoire des peuples et aux histoires collectives. Cette première question renvoie à ⦠Trouvé à l'intérieur – Page 139Plutôt que d'ajouter à l'histoire nécessairement fragmentaire, telle qu'elle est écrite par les historiens de métier, une histoire philosophique qui dirait le sens universel et la vérité suprahistorique du cours total des événements ... 13 Depuis la chute, le temps créé est blessé et mortel [41]. Face aux traumatismes historiques de 1914-1918 et 1939-1945, la théologie de la seconde moitié du xxe siècle a magnifié l’action de Dieu dans l’histoire. Quelle conception du temps demeure Les énoncés de Lumen Gentium et de Dei Verbum visent ainsi directement l’histoire du salut mise en œuvre à travers l’économie de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, tandis que les affirmations de Gaudium et Spes reposent de façon dominante sur une acception large et englobante de l’histoire humaine. Les paroles « démobilisatrices » de Jérémie, répercutées par lui au peuple, ont pour conséquence qu’il est jeté dans la citerne, avant d’en être tiré par l’intervention d’un eunuque éthiopien. 50. Le rassemblement du d�sir dans un unique int�r�t poursuivi sans rel�che fait la passion. Par la suite, lorsque le roi de Juda se révolte contre Nabuchodonosor, après lui avoir d’abord été soumis durant trois années, le châtiment s’accomplit dans un premier temps pour Juda. "Il y a un devenir-philosophe qui n'a rien à voir avec l'histoire de la philosophie, et qui passe plutôt par ceux que l'histoire de la philosophie n'arrive pas à classer" (Gilles Deleuze, Dialogues). On manque de pain, les imp�ts sont trop lourds, le pouvoir de la noblesse est sur le d�clin. 49 Les présupposés théologiques de la philosophie de l’histoire ont déjà été maintes fois identifiés, notamment depuis Karl Löwith. Ce jugement est sans appel, même si sa pleine extension attend la Parousie. (texte). Au titre d’une clarification épistémologique minimale, distinguons d’emblée l’histoire comme maillage spatio-temporel de contingences, d’événements et d’actions ; l’histoire comme discipline intellectuelle conjuguant exigence de scientificité et fiction narrative ; et enfin l’historicité comme condition d’existence des humains, inscrits dans le monde et soumis au temps. Telle fut la principale critique venue des historiens attachés à produire une épistémologie modeste de leur discipline, proche de sa pratique effective (dont Paul Veyne). Au cœur de ce jugement paradoxal, le Crucifié consomme l’inversion de la violence reçue en amour livré, de la haine sans raison en pardon offert. À travers son argumentation, Rahner parvient à conjuguer l’extension de la liberté humaine qui s’exerce dans le monde, l’universalité du dessein salvifique de Dieu et la singularité historique de l’événement de salut accompli en Jésus-Christ. Toute vision rationaliste de l’histoire paraît naïve et dangereuse, tandis que l’idée même d’une orientation ou d’une finalité de l’histoire est devenue suspecte. Le philosophe et économiste Maurice Lagueux interroge sans concession la disqualification actuelle, à première vue complète, des philosophies spéculatives de l’histoire, spécialement celles des xviiie et xixe siècles [21]. Les scribes s’en émeuvent et entendent les paroles du Seigneur. C’est au théologien confessant qu’une telle philosophie de l’histoire apporte un surcroît d’intelligibilité fondamentale. L'Esprit est à la fois le maître d'oeuvre du devenir et le terme de celui-ci, l'Histoire étant le moyen pour la raison de se réaliser. 68 Par exemple, de la victoire des alliés contre l’Allemagne nazie en 1945, il est impossible de conclure à la pureté d’intention des Anglais, des Américains ou des Russes [35]. Recyclage d’une telle croyance, la sécularisation du motif eschatologique sous la forme du progrès n’a pas résisté à l’échec des idéologies annonçant des temps nouveaux. Remarque Concernant la leçon 22 "sens de l'histoire", peux t'on dire que notre monde actuel tourne autour d'un même "esprit" celui d'un "pouvoir" mondial, comme le décrit Louis Quesnel (sens de l'histoire) et pourquoi l'homme cherche-t-il autant ce "pouvoir"? Accueil. Après avoir pris acte de ce débat, à distance, entre Maurice Lagueux et Paul Veyne, une question fondamentale se repose avec plus d’acuité. Pour que je fasse de quelque chose une Et jusqu’à quel point peut-on agir sur lui, le manipuler ? Maritain soutient en effet que le contenu objectif de la philosophie de l’histoire « consiste en objets de pensée universels, qui sont ou bien des traits typiques d’un âge historique donné, ou bien quelque aspect essentiel de l’histoire humaine en général, et qui sont abstraits par induction des données historiques » [27]. 2.2.c La rationalité de lâhistoire affirmée comme un principe heuristique. 1. Comment établir une juste corrélation théorique entre les deux ? 77 En quel sens peut-on dire de l'histoire qu'elle éduque l'humanité ? Lors de notre dernier article, nous avons vu comment lâhistoire des idées est façonnée par les motivations profondes de lâhistorien(ne) ou du philosophe. Du point de vue de la théologie, force est de constater que les possibilités herméneutiques demeurent limitées. Secundo, l’histoire du salut est distincte de l’histoire profane (Heilsgeschichte ist von Profangeschichte verschieden). Cette direction, nous pouvons la rattacher � un concept porteur tel que celui de progr�s ou celui d��volution. Voyons comment Paul Veyne présente la résistance de l’histoire à ces coups de mains. Pour Francis Fukuyama, la démocratie libérale capitaliste représente le stade ultime de l’évolution des régimes politiques et économiques. La quête d’une résolution ou d’un sens ultime de l’histoire présuppose l’assurance d’un telos à venir. Pareillement, dans le cours de cette histoire, seule la parole prophétique certifie que le retrait de Nabuchodonosor devant l’Égypte est momentané. En effet, l’ambiguïté de l’histoire humaine est plus lourde en regard du Royaume de Dieu qu’à l’échelle des réalités terrestres communes et ordinaires. Publié le : 7/2/2004-Format: Zoom. Les premiers que lâon rencontre sont des problèmes dâinterprétation et de lecture relativement aux textes mêmes. Il ne voit pas qu�il est lui-m�me domin�. À travers ces péripéties, l’éclairage de la Parole du Seigneur ne coïncide pas avec une simple lecture politique ou religieuse de la situation. D’où la conclusion théologique de Karl Rahner : l’histoire du monde « est la sphère et la préhistoire de l’histoire du Christ » [38] (der Raum und die Vorgeschichte der Geschichte Christi), laquelle est l’histoire de Dieu lui-même, comme l’Amour qui se livre et s’engage. Les événements historiques en tant que tels ne contiennent pas la moindre indication d’un sens global et ultime » [8]. Les h�ros de l�Histoire ont �t� dup�s, mais l�Esprit, --------------- Camille de Toledo revient sur ce projet ambitieux. Le sceptique lui-même philosophe sous l'idée de vérité, car, quoi qu'il dise, il ne peut que dire ce qui lui semble vrai.
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